Atelier d'écriture,  Fiction

A l’escargot pressé.

Deux semaines d’absence pendant lesquelles je n’ai pas publié de textes pour les ateliers.
Mais deux semaines rattrapées puisque j’ai envoyé jeudi et vendredi deux textes que vous pouvez évidemment lire et commenter : Le bateau de Rimbaud et Des sous-amendements et des homos.
Cette semaine, en plus de la photo, Leiloona nous a demandé de placer 5 mots dans notre texte. J’aurais eu mauvaise grâce de refuser ce challenge, vu que je l’ai donné de nombreuses fois à mes élèves.
Il s’agissait cette semaine de placer Asphalte, bois, escargot, oxymore et pantin.
Allez voir sur la page de Bricabook ce qu’ont écrit Leiloona et les autres participants.
Bonne lecture et merci pour vos commentaires.


« A l’escargot pressé ».
C’est dans cet établissement de restauration rapide au nom-oxymore que Akemi et Fukuno se retrouvent chaque vendredi pendant leur pause méridienne.
Akemi est employée dans une entreprise qui fabrique des pantins de bois pour les professionnels du spectacle. Des personnages immenses pour le Bunraku, théâtre de marionnettes traditionnel japonais.
Graphiste de formation, elle ne travaille pas de ses mains, mais elle dessine les poupées selon des plans séculaires.
Elle est mariée à Motoaki depuis deux ans.
Motoaki qui est ouvrier spécialisé dans une usine d’injection de plastique.
Et qui est l’amant de Fukuno.
Akemi s’en doutait depuis un moment, mais maintenant, elle en est sûre.
Depuis quelques minutes.
Depuis de Fukuno a gaffé en demandant à son amie comment allait sa maman.
Alors qu’Akemi ne lui avait pas annoncé qu’elle était malade.
En terminant sa phrase, Fukuno a compris qu’elle n’aurait pas dû poser la question.
Au moment même où Akemi, de son côté, a eu confirmation de ses doutes.
Et les voilà toutes deux, silencieuses, assises sur leur banc habituel où elles ont tant ri ensemble, où elles se sont tant moquées, gentiment, des gens qui passaient devant elles, fixant chacune un point différent de l’asphalte, n’osant ouvrir la bouche.
De complices, les voilà ennemies.
Mais Akemi ne dira rien aujourd’hui.
Elle va ajuster son écharpe bleue, comme elle le fait chaque fois en partant.
Dire au revoir à Fukuno.
Et réfléchir une semaine.
Jusqu’à vendredi prochain.
Où elles se retrouveront à « l’Escargot pressé ».


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© Amor-Fati 19 février 2018 Tous droits réservés. Contact : amor-fati@amor-fati.fr

10 Comments

  • Nady

    Une belle histoire. J’ai eu tout de même un petit peu de mal à comprendre l’intrigue et ai du relire plusieurs fois pour determiner qui est l’amant de qui… Et tout ça à partir de suppositions sur la santé d’une malade… Ai bien ri 😉

  • Nath

    On sent la colère contenue, le poids de la trahison, toute la retenue japonaise.
    Je reprends aussi ce matin après 2 semaines en mode pause

  • Claude

    J’ai bien aimé ton texte. Je ne suis pas un spécialiste du Japon, mais je trouve que ta description correspond bien à l’âme japonaise est son aversion de perdre la face. Bravo.

    • Amor-Fati

      C’est dans ce sens que je l’ai écrit. Je viens de lire deux romans japonais et je me suis inspiré de ce style d’écriture.

  • Valérie

    Un texte très asiatique dans la description des sentiments.
    « L’escargot pressé » était mieux trouvé que « l’escargot rapide »…pour le nom de mon restau…

  • Jos Plume

    La découverte de la vérité tient parfois à peu de chose.. 😉 C’est vrai que l’on ressent bien la culture japonaise (ou du moins l’idée que je m’en fais) dans la pudeur de ton personnage. Un texte efficace !

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