Dont …
Ce matin, j’avais plongé mon nez dans une banque d’images libres de droits pour trouver une illustration à mon nouveau texte du lundi, lorsqu’une information distillée à la radio attira mon attention.
« A Kiev cette nuit, les drones russes sur un quartier de la ville ont fait six morts dont deux enfants ».
Terrible, mais étrangement, on finit par s’y habituer et par effacer de nos esprits la douleur des familles qui ont perdu un proche dans ce bombardement. C’est loin, c’est presque quotidien, on ne voit rien d’autre que les maisons détruites. Et puis nos cerveaux finissent certainement par fabriquer une sorte de déni pour que nous puissions continuer à vivre aussi normalement que possible.
Mais cette information m’a rappelé d’autres bulletins entendus pas le passé.
« Le déraillement du téléphérique de Lisbonne a fait seize morts dont une française. »
« Cet accident de bus a causé la mort de douze personnes dont neuf enfants. »
« L’incendie de la Tour Grenfell à Londres a coûté la vie à 72 personnes, dont 18 enfants. »
C’est quoi ce dont que l’on entend chaque fois dans les bulletins d’info annonçant des catastrophes et de bilans humains souvent lourds ?
Dans le bus qui est sorti de la route, les trois personnes décédées qui ne sont pas des enfants sont-elles moins importantes ? Leurs familles ont-elles moins de chagrin ?
Comme si tous les morts et toutes les larmes n’avaient pas la même valeur.
« Cet accident de bus a causé la mort de douze personnes.» Point barre !
Pourquoi les médias font-ils ainsi une distinction ? Bien souvent avec les enfants ou avec les nationalités, surtout françaises… Quel intérêt pour nous de savoir que dans le téléphérique de Lisbonne, il y avait une française ? Que dire des quinze autres victimes ? Elles sont passées sous silence après ce dont.
Il faut faire du sensationnel, attirer l’oreille des auditeurs pour qu’ils se sentent un peu plus concernés.
Voilà, c’est peut-être ça. Si cette nuit à Kiev, il y avait eu un Français, peut-être l’information aurait-elle été plus développée qu’elle ne l’a été…
Et puis à quand le détail macabre ? « Quinze victimes dont deux femmes blanches, une femme noire et trois enfants dont deux petites filles de quatre ans. »
Je ne continue pas, vous avez compris mon point de vue.
A chaque fois que j’entends des infos de ce genre, ce dont me fait un mal de chien et me met en colère.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ? N’avez-vous jamais été choqué par ce dont qui sépare les victimes en morts intéressants et morts non intéressants ?
Voilà, j’ai refermé la banque d’images.
Je n’en aurai pas besoin ce matin.
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4 Comments
Jean-Pierre ANDRE
Peut-être pour nous conditionner mentalement à faire des dons.
Non oubliez c’est nul.
Amor-Fati
je confirme !!!
Nath
Je suis presque d’accord avec toi
Je pense que les journalistes précisent quand il s’agit d’enfants car on sait que c’est ce qu’il peut arriver de pire à des parents
Quand des meurtres d’enfants ont lieu, ça nous remue plus qu’un adulte
Pour la Shoah, c’est la même chose
On dit tant et tant de millions de personnes exterminées dont …… enfants
Je pense que c’est socio-culturel
Un enfant, c’est précieux, innocent
Pour les morts français, je pense que les Espagnols font la même chose quand un accident se produit dans un autre pays
Ils font partie des nôtres
Après, c’est vrai que l’on pourrait s’arrêter à ….. personnes décédées
Gilles
Je dirais même est-ce plus notable qu’un décès après une longue maladie, un accident de voiture, une victime d’un cambriolage, un acte désespéré, un suicide, etc.
Visiblement, les morts commes les vivants ne se valent pas!
D’un autre côté mon commentaire ne vaut pas grand chose non plus 😉