Atelier d'écriture,  Corona

Écrire aux temps du Corona (jour 2): Le jardin de mon grand-père.

J’espère que vous allez bien. Bonne lecture !

Tous les autres textes écrits avec cette photo sont ici : http://www.bricabook.fr/ecrire-aux-temps-du-corona-jour-2/

Et merci à Alexandra pour cette superbe initiative !


Mon grand-père avait un jardin magnifique. Six cents mètres carrés plantés quasiment toute l’année. Une partie plantes et fleurs. De magnifiques parterres de jonquilles, de pois de senteurs, de dahlias, des roses à ne savoir qu’en faire, un énorme laurier rose qui trônait au milieu de la pelouse et des marguerites qu’un amoureux aurait pu effeuiller pendant des années tellement il y en avait. Des fleurs de printemps, d’été, d’automne d’hiver, semées, plantées, arrosées, ouvertes douze mois sur douze.

Il avait aussi une partie qu’il appelait alimentaire. Un peu à l’image des fleurs. Question légumes, ma grand-mère et lui étaient en auto-suffisance. Toute l’année. Des tomates en été, des choux en hiver, des poireaux à l’automne, des épinards au printemps. Des pommes de terre, des carottes, des oignons à faire péter un régiment, des herbes aromatiques, des artichauts. Il y avait de tout.

Et puis ma grand-mère est morte. Un matin de juin, sans prévenir.

A partir de ce jour, le jardin de mon grand-père a périclité. Les fleurs étaient dépareillées, les roses tristes et pendouillantes, les marguerites timides comme des pâquerettes, les carottes naines, les oignons minuscules.

Mon grand-père passait ses journées devant la télé. Il lisait le journal, il jouait aux cartes avec des copains, faisait la sieste jusqu’à pas d’heure.

Un soir, alors que je lui demandais si son jardin ne lui manquait pas, il me répondit :

« Pas du tout fiston. Je suis bien comme ça. Et puis je vais t’avouer quelque chose : j’avais horreur du jardin. Je déteste les fleurs, je n’aime pas les artichauts, les patates me font gonfler. Bêcher, ratisser, retourner, arroser, biner, désherber, récolter, et recommencer tous les ans. Je détestais ça.

— Alors pourquoi tant d’années à faire ce dont tu avais horreur ? Ça n’a pas de sens.

Il avala sa gorgée de café et me répondit :

— Je détestais encore plus ta grand-mère. Mon jardin était mon refuge. »


Voilà…. A chaque jour suffit sa peine.
Commentez si vous voulez.
Portez-vous bien.
Prenez soin de vous.
Et des autres.
A demain.

 

© Amor-Fati 18 mars 2020 Tous droits réservés. Contact : amor-fati@amor-fati.fr

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