Atelier d'écriture,  Fiction,  Löderup

Mourir pour si peu (14)

Je vous ai présenté la semaine dernière le premier chapitre d’un roman policier suédois baptisé « Mourir pour si peu », mettant en scène le commissaire Erik Löderup. J’ai reçu beaucoup de plaintes à ce sujet et beaucoup de lecteurs m’ont interrogé sur la suite à donner à cette enquête. Ce début est-il vraiment le premier chapitre d’un vrai roman policier ? Qui a tué ces deux personnes ? Pourquoi ?
C’est pourquoi j’ai décidé de vous livrer cette semaine le quatorzième chapitre de ce roman. J’inaugure de ce fait un nouveau concept : le roman policier suédois express : Le premier chapitre, deux chapitres intermédiaires et l’épilogue. La semaine prochaine, grâce à la nouvelle photo, je vous livrerai le chapitre 26 de ce roman palpitant. Et dans deux semaines, vous serez fixé. Vous saurez tout.
Finis le blabla et les paragraphes inutiles de remplissage. Dans un polar, l’essentiel est de connaitre le meurtre, le déroulement rapide de l’histoire et le meurtrier, ainsi que le mobile. Vous ne serez pas déçus.
Et cette semaine, voyageons en Norvège pour ce quatorzième chapitre. Bonne lecture.


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14

Le commissaire Erik Löderup ouvrit la porte de l’appartement et se retrouva dans un corridor peu éclairé. La femme qu’il laissait derrière lui dans le lit dormait encore, épuisée par leur belle nuit d’amour. Le drap était à peine posé sur son corps nu et deux longues jambes fuselées aux ongles rouges pointaient, silhouettes blanches, dans la pénombre de la chambre. Il ne se souvenait ni de son nom, ni du son de sa voix. Ni même de l’endroit où il l’avait rencontrée exactement. Certainement dans la boite de nuit où il avait fini la nuit avec Peter Müller et Birgit. Toute la soirée, il avait surveillé Birgit, ne l’avait pas lâchée d’un centimètre car il savait qu’à un moment ou à un autre, elle pourrait craquer, se dévoiler, faire le faux pas qu’il attendait, qu’il espérait. Il avait même tenté quelques approches avec elle, histoire de l’avoir bien à l’œil mais, visiblement, son charme légendaire n’avait pas fonctionné puisque ce n’était pas elle qui dormait là, à trois pas de lui. Le parfum féminin qu’il sentait sur sa peau le rassura quand même sur son pouvoir de séduction. Il n’avait pas dormi seul et il n’avait pas fait que dormir !

D’un coup d’œil, il repéra le nom sur la sonnette, ouvrit la porte qui donnait sur la cage d’escalier et descendit lentement. Il avait mal à la tête. Trop fumé, trop bu certainement. L’âge ne lui réussissait pas. Il y a encore vingt ans, il aurait descendu le même escalier en sifflant et en sautant une marche sur deux. Mais là, la cinquantaine bien tassée et trente années de clopes avaient considérablement ralenti ses élans.

Déjà trois jours qu’il était arrivé en Norvège et son enquête n’avait guère avancé. Les deux cadavres de Trelleborg avaient parlé et l’avaient guidé vers Kristiansand où habitait et travaillait Anna Jakobsen. La rencontre avec Erika Lie, responsable de la galerie de peinture où exerçait Anna n’avait rien donné et c’est tout à fait par hasard qu’il avait fait la connaissance de Brigit, une amie d’enfance de la victime. Mais la découverte du cadavre de Erika Lie dans une cale sèche du port avait encore compliqué l’enquête. Même blessure étrange que Anna, et surtout, même marque dans le cou, exactement au même endroit. L’assassin avait signé son crime. C’était un message à l’adresse du policier. « Je sais qui tu es, je sais ce que tu fais.. »

Arrivé devant la double porte vitrée du bâtiment, Erik Löderup jeta un coup d’œil sur la batterie de boites aux lettres et constata que celle de sa mystérieuse compagne de la nuit avait été enfoncée. La serrure avait visiblement été forcée et la petite porte était entrouverte. Löderup la tira vers lui. Une enveloppe l’attendait à l’intérieur du réceptacle. Une enveloppe blanche, sans marque extérieure. Le policier tâta le contenu à travers le papier. Un petit rectangle dur de deux centimètres sur trois environ, avec un coin cassé. Il le sentait bien sous ses doigts. Aucun doute. C’était une carte SIM. Le policier empocha l’enveloppe. Vite, il fallait trouver un magasin de téléphone, effectuer une coipe de la carte et la remettre dans la boite aux lettres. Sa disparition serait trop voyante. Il regarda dehors. Il avait encore neigé. Décidément, l’hiver était précoce cette année. Löderup boucla les trois gros boutons de son manteau, enroula son écharpe autour de son cou. La rue était déjà animée et encore éclairée. Les voitures avaient encore leurs phares allumés. A huit heures passées. La neige tombait à gros flocons, striant de blanc la vue du policier suédois. Elle redonnait une couche blanche aux amas de neige et de boue qui ornaient les trottoirs.

Löderup remonta le col de son manteau contre sa barbe naissante et s’engagea dans la rue. Avant ce soir, il fallait qu’il ait éclairci le mystère de la mort de la galeriste. Ensuite, la suite viendrait toute seule.

Peut-être…

Ceci est évidemment ma participation à l’atelier d’écriture  proposé par Leiloona Bricabook.  Une photo, quelques mots…

© JM Bassetti. Le 9 février 2015. Reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.

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