Noé et Papitilo

Noé et Papitilo dans le grenier.

Noé et Papitilo à la plage n’est pas terminé. Il reste encore deux chapitres. Mais aujourd’hui, il y a un concours de nouvelles sur le site Short-Edition et j’y ai participé avec nos deux amis que vous connaissez bien maintenant.

D’ailleurs, si l’envie vous en prenait, vous pouvez voter pour ce texte à cette adresse :

http://short-edition.com/oeuvre/tres-tres-court/noe-et-papitilo-dans-le-grenier

Bon dimanche !!

« A table, les deux loulous, j’ai fait des lasagnes !

Mamina est en bas de l’escalier, les mains sur les hanches et elle attend. C’est la troisième fois qu’elle appelle Papitilo et Noé et ils ne sont toujours pas descendus.

Il y a plus d’une heure maintenant, Papitilo lui a dit :

– Je cherche le maillet pour monter la tente dans le jardin, j’ai promis à Noé qu’on l’installerait aujourd’hui ! Tu ne saurais pas où il est ?

-La dernière fois que je l’ai vu, il était dans le grenier a répondu Mamina.

– Alors, si tu le dis, c’est qu’il doit y être, a rigolé Papitilo. Tu sais toujours tout, comme toutes les femmes.

Et Papitilo a fait un clin d’oeil a Noé.

-Allez, viens mon gars, viens avec moi, on va chercher le maillet et après on ira monter la tente !

Et ils sont montés tous les deux dans le grenier. Et ils y sont toujours !

Mamina appelle une quatrième fois. Toujours aucune réponse.

Alors, tant pis, elle monte. Les lasagnes vont brûler dans le four si elle ne se décide pas. Elle arrive vite au premier étage, celle où il y a les chambres et la salle de bains. Elle s’arrête étonnée. Il y a de la musique là-haut. De la musique qui vient du grenier ! Mamina ouvre la porte qui donne sur l’escalier du grenier. Et la musique se fait plus forte ! Elle reconnait cette chanson. « Laisse les gondoles à Venise ». Sheila et Ringo ! Elle chantait ça à tue-tête quand elle était petite ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

Mamina grimpe les seize marches qui la séparent de la porte du grenier. La musique se fait entendre de plus en plus fortement. Elle entend même Papitilo qui chante « …et prends ma main… »

Elle s’arrête quelques secondes devant la porte, respire un grand coup et tourne la poignée…

Quel spectacle ! Elle n’en croit pas ses yeux ! Papitilo est au milieu du grenier, une casquette rouge marquée UCLA sur la tête, une vieille écharpe bleue autour du cou et il hurle dans un stylo bille rouge qui lui sert de micro. A côté de lui, Noé est assis sur un vieux bidon de lessive et fait semblant de taper sur une batterie. Tous les deux s’arrêtent de gesticuler dès qu’ils voient Mamina. Elle a des yeux grand ouverts et n’en revient pas. Elle rigole.

– Qu’est-ce que vous fabriquez tous les deux ? Les lasagnes sont prêtes !

La chanson continue quelques secondes puis s’arrête. Le silence…

C’est Noé qui parle le premier.

-Tu sais, Mamina, avec Papitilo, on est montés pour chercher le malet pour la tente

-Maillet, le coupe son grand-père.

-Oui, le maillet. Et Papitilo il a cherché un peu partout.

-J’ai regardé dans tous les coins, parce que je ne le voyais pas.

-Il a soulevé des tissus, il a ouvert des tiroirs. Et puis à un moment…

-En regardant dans le coin là, j’ai retrouvé…

-Le tectofone, dit Noé.

-Non, l’électrophone, corrige Papitilo. E-lec-tro-phone !

– Oui. Lectrophone.

Et derrière, une pile avec tout un tas de disques, ajoute Papitilo. Tu te souviens Nono ?

Quand Papitilo appelle Mamina « Nono » c’est qu’il est en forme, amoureux et qu’il veut lui faire plaisir.

-Ah oui…. dit Mamina.

-Alors, Papitilo a branché le lec…

-L’électrophone

-… phone et il a mis un truc rond et noir dessus

-Un disque précise Papitilo.

-Ben oui, évidemment, un disque, dit Mamina.

-Et on a écouté deux ou trois chansons et Papitilo regardait dans la pile et il disait tout le temps . Oh celle là, oh celle là…

Mamina sourit.

-C’est vrai, dit-elle, c’est la musique de notre jeunesse, tu sais Noé. Quand on était tout jeunes, ton grand-père et moi.

-Tiens, viens voir, Nono, dit Papitilo à Mamina.

-Non, ça ne m’intéresse pas de fouiller dans ces vieux trucs, dit Mamina…. Explorer le passé ? Non, vraiment pas. C’est pas mon genre.

Et Papitilo sort de la caisse de bois un disque de Michel Fugain.

-Oh, Oui, le Big Bazar, dit Mamina ! Oh, j’adorais, vas-y, mets le…

Papitilo fait un clin d’œil à son petit-fils.

-Je te l’avais dit, lui glisse-t-il à l’oreille !

Tous les deux, assis dans un coin du grenier, regardent Mamina et riant. Elle est debout au milieu du grenier, et elle chante… elle chante comme quand elle avait vingt ans.

-Fais comme l’oiseau !!! Ça vit d’air pur et d’eau fraiche un oiseau !!

Papitilo la prend par le bras et continue :

-D’un peu de chasse et de pêche un oiseau !

Et tous les deux se mettent à danser.

Noé se roule par terre. Jamais il n’avait vu ses grands-parents si complices. Si en forme !

-C’est toute notre jeunesse, Noé tu sais… Remuer des vieux souvenirs comme ça, ça fait du bien.

Et, se mettant à genoux devant la caisse, Mamina sort les disques les uns après les autres ?

-Oh, celui-là, dit-elle en en regardant un…. Oh, celui-là répète-t-elle en en retournant un autre ?

Papitilo la regarde en souriant.

-Tu étais venue pour quoi au fait ?

-Je ne sais plus, répond Mamina.

Elle réfléchit…

-Je ne sais plus….

Soudain, Noé se met de bout et crie.

-Mamina, Papitilo, ça sent le brûlé.

Quelques secondes de silence, puis Mamina se met debout à son tour :

-Mes lasagnes, j’étais venue vous chercher !!! Ah c’est malin, Martin, de nous mettre de la musique, venez manger c’est prêt !

Avant de quitter le grenier, elle se tourne et regarde Papitilo :

-Au fait, tu as trouvé le maillet ?

-Non, répond Papitilo. Pas trouvé.On reviendra cet après midi.

-Tu remettras de la musque ? demande Noé avec des étincelles dans les yeux.

-On verra, on verra !!

-Allez, venez manger maintenant, les deux gars. Ça va vraiment être trop cuit !! »

 

© Amor-Fati 4 décembre 2016 Tous droits réservés. Contact : amor-fati@amor-fati.fr

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