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Oncle Paul

Chaque mercredi midi, de juin à août, mon oncle Paul m’emmenait déjeuner en ville. C’est ma mère qui le lui avait demandé, je ne sais pas pourquoi. Nous allions manger dans un petit resto de la 47eme rue. Chez Alfredo. Le menu était simple, il n’y avait guère le choix. C’était plat unique. Souvent épicé. Trop. Nous nous retrouvions à l’arrêt de bus de Parks Boulevard juste en face du coiffeur noir. Quelle que soit l’heure à laquelle j’arrivais, il était toujours là avant moi. Il était toujours habillé de la même façon : un costume sombre sur une chemise blanche ouverte, sans cravate. Il en portait uniquement le dimanche.
Mais mon oncle ne m’aimait pas. Aussi ne faisait-il pas grand cas de mon arrivée près de lui. Il devait sentir ma présence, mais ne manifestait aucun sentiment. Sans détourner le regard, il portait la main à son chapeau, comme c’est l’habitude pour saluer une demoiselle, mais ne prononçait pas un mot et continuait la lecture de son journal comme si je n’existais pas.

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© Jean-Marc Bassetti. Saint Aubin, le lundi 25 Janvier 2016. Reproduction interdite sans accord de l’auteur.

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