Seydou et le colibri
Et voici le dernier atelier de l’année. Merci Leiloona de nous avoir proposé cette année tant de belles photos. Certaines fois l’histoire était évidente et germait immédiatement dans mon esprit. Parfois c’était plus dur, il fallait se creuser les méninges pour faire parler une image qui ne me parlait pas justement. Et trois fois dans l’année je n’ai pas trouvé le chemin, j’ai renoncé. Mais je promets ici qu’avant septembre, j’aurai écrit les trois textes qui manquent. Croix de bois, etc…
Bel été à toutes et à tous. Pensez à visiter le site Bricabook qui nous propose cet atelier.
Et bonne lecture de ce dernier texte.

Je t’ai tendu la main
Et tu m’as ignoré
Je ne demandais rien
Tout juste exister.
Je t’ai tendu la main
Tu as tourné les yeux
Je cherchais mon chemin
Pour trouver le ciel bleu
J’ai quitté mon pays
J’ai quitté mon village
J’ai débarqué ici
Après un long voyage
J’ai bien failli mourir
Cent fois en quelques mois
Je sais ce qu’est souffrir
Esclave c’est pas mon choix
J’ai connu le malheur
Trois cents sur un bateau
J’ai entendu les pleurs
Des enfants des ados
Mon nom était Seydou
Je vivais au Soudan
Je m’endors n’importe où
Et on m’appelle Migrant
Je n’en veux à personne
Tu n’es pas obligé
Si tu veux tu me donnes
De quoi boire ou manger
N’oublie pas cependant
Je suis un être humain
Pas seulement un migrant
Un black un africain
Chez moi c’est la misère
Avant c’était l’été
Il suffit d’une guerre
Pour voir l’hiver souffler
Si ta vie tourne au noir
C’est peut-être toi demain
Assis sur un trottoir
Qui me tendras la main.
J’ai entendu l’autre jour à la radio une histoire qui m’a beaucoup plu. Celle du colibri et de la goutte d’eau. Je vais vous la conter :
La forêt est en feu. Les flammes dévorent tout : arbres, lianes, toute la végétation est détruite. Les insectes, les animaux, tout le monde fuit par le meilleur moyen qu’il trouve. L’incendie est immense. Une fois hors des flammes, les animaux se regroupent pour regarder leur forêt brûler. Ils papotent, ils discutent. Chacun se plaint de sa situation. Jusqu’à ce qu’ils aperçoivent un petit colibri qui fait l’aller-retour entre une mare d’eau et la forêt en flammes. A chaque voyage, il prend une goutte d’eau dans son bec, vole jusqu’aux flammes et lâche sa goutte d’eau. Au bout d’un moment, un tatou l’apostrophe au passage :
« Hé, petit colibri, tu es ridicule, ce n’est pas avec ta minuscule goutte d’eau que tu vas éteindre les flammes, tu te fatigues pour rien.
– Pas pour rien, répond le colibri. Je sais bien que je fais peu, que cette goutte d’eau n’est pas grand-chose. Mais je fais ma part. »
Soyez colibri…