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Une soirée bien étoilée (1/5)

Il y a longtemps que vous n’avez rien lu de moi et vous vous dites:  » Il  a arrêté d’écrire, il ne fait rien de sa retraite, il va sombrer dans la tristesse, l’ennui et la mélancolie… »

Que nenni… En douce, sans publier, je suis en train d’écrire un nouveau roman dans le même style que « Je m’appelle Mo »… une centaine de chapitres courts…

Mais en attendant, et pour vous prouver que j’écris toujours, voici une petite nouvelle, découpée en cinq morceaux.

De mardi à samedi.

Une étoile par morceau…


Si Théo avait voulu l’épater, il avait réussi son coup.

Depuis longtemps, Noémie voyait bien qu’il lui tournait autour. Elle n’était pas non plus indifférente à son charme.

Au bureau, nombreuses étaient les secrétaires, comme elle, qui se retournaient sur son passage. Son eau de toilette dégageait quelque chose qu’elles ne connaissaient pas. Le matin, lorsqu’il entrait dans le pool des secrétaires, chacune levait la tête pour être aperçue, pour espérer avoir un regard, un sourire, une attention particulière. Rien que pour elle.

Plusieurs fois, il s’était intéressé à elle, lui avait posé des questions. Il lui faisait confiance et lui confiait des tâches à responsabilité qui faisaient l’envie de ses copines de bureau. Le travail, personne ne courait vraiment après, mais le travail donné par Théo, tout le monde en voulait bien.

Théo. Il devait être d’une grande famille. Il s’appelait Théophile de Tiriac. Mais, depuis sa plus tendre enfance, tout le monde l’appelait Théo de T, souvent aussi écrit TO2T.

Mais Théo était timide, extrêmement timide, et tout le monde le savait.

Pourtant, un mardi, il s’était lancé…

Ce soir-là, à l’heure de la sortie des employés, il lui avait demandé, en dernière minute, de passer dans son bureau. Noémie avait attendu que ses collègues disparaissent dans l’ascenseur pour rejoindre le bureau de Théo.

Il n’avait pas fait semblant longtemps. A son arrivée, il s’était levé, avait contourné sa table de travail et s’était approché d’elle. Il n’arrivait pas à dire un mot, aucun son ne sortait de sa bouche à elle. Leurs mains se joignirent, leurs sourires se répondirent, leurs bouches se frôlèrent d’abord, puis se réunirent enfin en un long baiser qu’ils avaient tous les deux tant attendu. Les quelques minutes qui suivirent furent douces et tendres. Les bras de Théo étaient chauds et accueillants, les baisers de Noémie tendres et lascifs. Mais Théo n’était pas homme à aller trop vite en besogne et Noémie, d’une nature plutôt réservée, ne souhaitait pas non plus que les choses allassent trop vite. C’est pourquoi, d’un commun accord, ils s’éloignèrent l’un de l’autre et détachèrent leurs mains.

« Que faites-vous samedi soir ? demanda-t-il soudain.

– Samedi ? répondit Noémie, un peu prise au dépourvu. Je n’ai rien de prévu. Rien de particulier.

– Hé bien, reprit-il, que diriez vous de m’accompagner au restaurant ?

– Au restaurant ?

C’est tout ce qu’elle avait trouvé à répondre. Elle s’attendait tellement peu à cette invitation que les mots ne lui venaient pas naturellement.

– Oui, je souhaite vous inviter à l’Espérance, le long du canal.

– A l’Espérance ?

Décidément, Noémie ne pouvait rien faire d’autre que de répéter bêtement ce que lui avançait Théo.

– Oui, à l’Espérance. C’est l’un des restaurants de Stéphane Carbone, chef étoilé de Caen.

Noémie n’en revenait pas. Pour une première invitation, il mettait la barre plutôt haut. Lorsqu’il avait parlé de restaurant, elle n’avait pas imaginé un fast-food, genre Mac Do ou KFC, ce n’était pas son genre, mais pas non plus l’Espérance.

– Avec plaisir, avait-elle bafouillé. Evidemment.

Noémie était écarlate. Certainement aussi rouge que ses chaussures préférées.

– Ah ! tant mieux. Heureux que vous ayez accepté. Alors, c’est entendu, je passerai vous prendre à dix-neuf heures trente devant chez vous.

– D’accord, d’accord, bien sûr, s’entendit-elle répondre.

– Au revoir Noémie, et à demain.

– Au revoir, à demain. Merci.

Merci ? Elle avait bien dit merci ? C’était n’importe quoi. Elle avait l’impression de se regarder vivre, de ne pas être maîtresse d’elle même !

Elle voulut s’approcher de lui pour lui donner un dernier baiser, mais elle sentit intérieurement que l’instant d’intimité était passé et n’osa pas en demander plus. Elle remonta le col de son manteau et se dirigea vers la porte.

– Noémie, lui dit il doucement.

Elle se retourna, espérant recevoir une demande de baiser.

– Pas un mot de tout ça à personne, n’est-ce pas. Evidemment ! Il ne s’est rien passé !

– Bien sûr, répondit-elle, il ne s’est rien passé ! »

Comme si elle pouvait imaginer un instant qu’il ne s’était rien passé. Ils ne s’étaient pas dit cinquante mots dans le bureau, mais il l’avait invitée à l’Espérance. Elle n’en espérait pas tant !

© Amor-Fati 2 avril 2019 Tous droits réservés. Contact : amor-fati@amor-fati.fr

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